jeudi 28 décembre 2006

Of Mice and Men


Une lacune. Une immense lacune. De John Steinbeck, je n'avais encore rien lu. J'ai vu, il y a longtemps, le film tiré des Raisins de la colère, et c'est comme si cela m'avait dispensé de la nécessité d'entrer plus avant dans l'oeuvre. Il faut dire que la misère et l'injustice y ont la part belle, et que j'ai des difficultés avec l'injustice, je veux dire à affronter la vision de celle-ci. C'est trop de colère qui monte. Alors il a fallu que je reçoive ce cadeau inattendu : Des souris et des hommes, dans l'édition Folio, par mes deux grands enfants, pour avoir la révélation de l'immense talent de Steinbeck.
Je ne vais pas ici résumer l'histoire, juste en relever un aspect : cette tragédie, qui se noue dans un ranch de Californie, s'ouvre et se referme sur une rive sablonneuse de la Salinas : "A quelques milles au sud de Soledad, la Salinas descend tout contre le flanc de la colline et coule, profonde et verte." Au septième et dernier chapitre, où le sacrifice est accompli, Steinbeck commence ainsi : "Dans cette fin d'après-midi, l'eau de la Salinas dormait, profonde, tranquille et verte."
Lenny, la brute innocente, se met à boire goulûment, comme un animal assoiffé, à peine arrivé sur la plage, ce qui lui vaut une remontrance de George, la première parole du livre : "Lennie, dit-il sèchement, Lennie, nom de Dieu, ne bois pas tant que ça." Cette eau dormante ne lui dit rien qui vaille. Lui ne boira pas. Cette eau verte et profonde, comme dans la tradition irlandaise, agit comme un maléfice, elle est en tout cas annonciatrice du drame à venir. Un serpent d'eau se fait happer par un héron, juste avant le retour de Lennie sur les lieux.
Peut-être que je ne note ces détails que parce qu'ils s'inscrivent en écho à l'ouverture de ce blog ? Il faudra alors rajouter l'intitulé de section d'un site américain découvert en cherchant des photos de la Salinas : Allusions. Il renvoie directement à l’œuvre de Steinbeck.

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