mercredi 5 novembre 2008

Lumière de la varlope

"Dans le hameau déjà plus silencieux, moins actif qu'autrefois, dès que le pain avait fini de tressaillir en refroidissant, il s'affaissait sur les étagères du fournil. Et des copeaux spongieux bourraient à la lumière de la varlope."

Jean-Loup Trassard (L'ancolie, p. 14)



Je ne sais si j'aurais correctement compris cette dernière phrase (j'ai commencé à lire les récits de Jean-Loup Trassard) si je n'avais pas lu auparavant Les sources de Pierre Gascar. Que la varlope soit un grand rabot, je ne l'ignorais certes pas, mais que cet outil soit doté d'une lumière, cela m'était en revanche inconnu. Je venais donc juste de le découvrir à la page 208 du chapitre V, où Gascar évoque un tonnelier et plus largement, le travail sur la matière, le travail manuel créateur :

"Cette double action, ce double caractère de l'artisan qui polit, aplanit et, en même temps, tranche, incise, est parfaitement défini par les gros outils du travail du bois qui enveloppent la morsure. Ainsi la varlope, long corps de bois brillant où les deux mains s'appuient, l'une serrant quelquefois une poignée, et où s'ouvrent deux trous, l'un appelé la lumière, l'autre le trou de la gouge, du nom du fer qui y est enfoncé. Rien ne révèle le tranchant de ce dernier, qui affleure à peine en dessous, sur la semelle, si bien que la copeau dont la varlope, poussée en avant, s'empanache semble sortir du coeur même de l'outil, et non de la planche sur laquelle il glisse."

Curiosité encore : les deux livres sont sortis la même année, en 1975, dans la même maison d'édition, Gallimard. Plus important encore, ils partagent la même attention au monde naturel et à l'humanité au travail dans ce monde.

Colombe, grande varlope, en C, la lumière.