mardi 2 août 2011

Ossuaire de l'océan

Comme chaque été, ou presque, séjour sur la côte atlantique, au-dessus du Cap Ferret. Mais, à notre arrivée, le temps se dégrade. Ce n'est pas une raison pour bouder la plage, bien au contraire. Presque déserte, surtout en matinée, balayée par le vent aquitain, elle s'offre dans une pureté presque originelle. La dune, les vagues, le ciel chahuté de nuages. Mais ce qui m'intéresse aussi, c'est ce qui vient bousculer cette pureté, s'inscrire sur la toile presque monochrome du sable blond, tout ce qui vient de la marée, et que les services de nettoiement n'ont pas eu encore le temps de faire disparaître.

J'aime ces paquets d'algues jetés sur le rivage, dont l'enchevêtrement filamenteux compose de véritables tableaux abstraits.





Parfois s'y mêlent des cordages, des morceaux de filets dont la couleur vient crever l'ocre naturel.


Je regarde, j'écoute, je photographie, mais il peut m'arriver (rarement) d'intervenir : d'un court bastaing rougeâtre couché sur le sable, troué à une extrémité, je fais un menhir solitaire défiant l'océan.




Même ce que l'on pourrait considérer comme le plus détestable des déchets colportés par la marée, peut donner à rêver, comme ces idéogrammes sur ce bidon bleu qui évoquent tout un lointain, un extrême-orient dont la peinture n'est pas sans rapport avec l'épure du littoral aquitain.


Une palette presque ensevelie, aux lattes graffitées, voisine avec une canette. S'impose l'idée d'une archéologie de l'immédiat.


Et puis il y a ce superbe bidon rouillé, avec sa peinture rouge écarlate répandue comme un voile, comme un signal de détresse.




Et, un peu plus loin, les constructions en bois flotté de promeneurs inconnus. Esquisse de cabane, ébauche d'abri, pin écorcé dressé vers les nuées petits crobards un peu partout croisant les lignes du bois, bout de planchette bleue comme un fragment de ciel.








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