vendredi 28 octobre 2011

Alluvions sans âge

"La drague avance lentement dans le fil du fleuve, lourde et têtue, elle débarrasse, racle, aspire, décrasse le lit du fleuve de toute la merde qui s'y est déposée, qui s'y dépose jour après jour ; dérocte le chenal, saluée alors merveilleuse tâcheronne nécessaire bonniche, son énorme fraise à trois têtes - trois fois l'envergure et la puissance du plus bel outil de forage pétrolier en eau très profonde, tout de même - fouraillant la roche pour conserver un passage aux coques des majestueux navires, cargos d'aventure et pétroliers dernier cri. Les deux garçons marquent un recul devant les citernes où se déverse le fond du fleuve, vase noirâtre, pâte sédimentaire remontée des profondeurs, alluvions sans âge, aucun scintillement là-dedans, rien, ils se mettent pourtant à y guetter la tranche d'une épave, un morceau de tôle, un débris humain, un os de crâne peut-être, oui, un coffre ou un coffre receleur de pierreries diverses, un trésor ouais, ce serait génial. Ils s'excitent, rigolards, ne cherchent rien, pas même la fortune, l'avenir n'a pas de forme pour eux qui vivent au jour le jour, sans autre tension que celle de leur jeunesse, ils tendent les mains, paumes vastes et doigts habiles, toujours prompts à palper de quoi jouer, de quoi se faire un peu de thune, toujours partants pour la première connerie."

Extrait du très bon roman de Maylis de Kerangal, naissance d'un pont, verticales, 2010, p.102-103.




<h2> Naissance d'un pont</h2> <p> c'est le premier jour du pont . Le premier matin l'eau pour les noirs qui s'éclaire et les blancs qui fonce rapidement passion progressive de tous les Verts fluo émeraude HIV renaissent amende à Nice absente Turquoise Hollywood Chun grammes d'épinards et mal acquis anglais c'est la bientôt sur la rétine . Et puis Cannes de longues fluorescente si étalon surface dérive des bidons , des bouteilles OL essais Diderot a fait son tour du site principal . La plate-forme controversé qui est désormais son domaine surface de 25 kilomètres carrés Simon s'est étonné défricher ouverte sur le fleuve parano quais de l'Estrie et de rail qui relie atelier de construction d'entretien et de réparation baraquements des équipes , bureau d'études vestiaires de l'autre côté des déjà les hommes attendent parmi eux prioritaire des Indiens agrégé par nous , les visages fermés , embauché en guère pas sensible au vertige rompu au climat au parasite familier du terrain puisqu'ils sont là chez eux tous baraquements des ouvriers . Après avoir vidé leur sésame dans les horodateurs et une fois entré dans les vestiaires , prennent possession du casier métallique où ils suspendent leurs vêtements et saisissent leur casque obligatoire depuis la construction du Golden Gate Bridge San Francisco Californie au milieu des années les Indiens aussi se réunissent dans un coin de la salle , ils sont gris sous les néons blancs le coffre tatoué de feuillage des hommes en place jusqu'au 20 . Ils se parlent à voix basse et puis la Syrie . </p>

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