mercredi 30 novembre 2011

Leprest symphonique


EPK Leprest Symphonique from Jean-Manuel Vignau on Vimeo.

Cet homme-là était grand, et j'ai beaucoup de tristesse à penser que je l'ai manqué de son vivant. Un disque sort, posthume, ces jours-ci, sa voix et un orchestre symphonique, ses copains, ceux qui l'aimaient.

dimanche 27 novembre 2011

J'inventais des légendes


J'inventais des légendes pour des villes sans passé
Des sables sans mémoire j'exhumais des héros
Des centres commerciaux passaient sous la férule des étoiles

Je disais : "Ici mourut le prince inconsolé,
Dauphin des Trois-Royaumes, chevalier sans cheval,
sous ce ciment, dans l'Hadès d'un parking souterrain."

Je disais : "Ici reviendra comme annoncé
L'Armée des Cent-Brigands, la Horde Tremblante,
qui s'égara une nuit dans la bouche d'un métro."

J'inventais le Sacré nouveau, le Mythe inédit,
l'oracle par wifi, la divination par satellite
J'étais l'augure malade de l'avenir désertifié




vendredi 25 novembre 2011

Dakota Box

[Biarritz, 27 avril 2011]

La petite fille et sa mère, à l'un des restaus de la place Saint-Eugénie, où nous prenons l'apéro. Portable à l'oreille en quasi-permanence. Nous allons dîner un peu plus loin. A la fin du repas, nous les voyons passer. La petite fille derrière, la mère devant, son engin toujours vissé à l'oreille.

L'hôtel de "charme" de la Dakota Box est situé boulevard Marcel Dasssault, près de l'aéroport, à 3 kilomètres du centre-ville... Une sorte de B and B. La notice se gardait bien de préciser cet emplacement. Propre, c'est toujours ça de mieux qu'à Goussainville (dont le Première Classe restera comme le comble de l'horreur hôtelière).




mardi 22 novembre 2011

La réjouissance

"Aucun constat de la"condition humaine" ne saurait être autre chose que mensonge lorsqu'il  ne tient pas compte de l'expérience la plus importante de l'être, celle qui permet à la vie de continuer et aux civilisations d'être poursuivies, et qui est la joie d'exister."
Romain Gary, Pour Sganarelle, p. 324.

"La réjouissance ne consiste pas à être heureux, mais à se disposer à éprouver cette joie d'être qui est la condition de toute action puissante. Et telle est la primauté de l'éthique sur la morale que la réjouissance constitue elle-même la "disposition"(hexis) qui permet d'accéder au bonheur comme souverain bien moral."

Paul Audi, Créer, p.121.

"Il faut concevoir la réjouissance non comme un état affectif, mais comme un acte éthique fondamental ; un acte par lequel le moi se trouve "heureusement" reconduit à la pleine et entière disposition de soi."
Paul Audi, Créer, p. 123.

Kierkegaard : "Du possible, sinon j'étouffe..."

[26 avril 2010, La J.]


dimanche 20 novembre 2011

Oser et gagner le chaos



"Le narcissisme n'est pas l'amour de soi, mais l'amour de - ou l'attirance pour - l'image de soi."

"L'art ose et gagne le chaos (...)" (Heidegger)

"Oser et gagner le chaos, cela signifie prendre le risque de s'affronter à lui, et cela afin de le "repousser", de l'empêcher d'avoir le dernier mot, ou plutôt afin que la vie, lorsqu'elle se sent menacée par ce chaos de l'Apparence d'où pourtant elle se dresse, continue à être possible, c'est-à-dire continue à vivre comme elle désire et rêve de vivre."
Paul Audi, Créer, p. 75.

"Le bonheur et le malheur sont des frères jumeaux qui grandissent ensemble, ou bien qui [...] restent petits ensemble."
Nietzsche, Le gai savoir, §338.


samedi 19 novembre 2011

Sapere aude

Créer, Introduction à l' Esth/éthique, de Paul Audi, Verdier-Poche. J'ai acheté ce livre le 15 septembre 2010, et je n'en ai toujours pas fini avec lui. Il faut dire qu'on tient là un pavé, avec ses 840 pages serrées, enfermant des passages ardus, qui nécessiteraient bien cordes et piolets philosophiques. Actuellement bloqué à la page 532, je ne désespère pourtant pas d'en venir à bout, bien que le fait d'abandonner un ouvrage en cours de route ne me tracasse plus beaucoup, et même pas du tout si le bouquin s'avère décevant sur la longueur (alors basta, pas de temps à perdre), mais en l'occurrence ce n'est pas le cas. C'est à Pâques 2010 que j'avais entamé la lecture, et extrait quelques phrases bien senties :

" (...) ce qu'il importe de reconnaître sans détour, c'est qu'il n'y a jamais que là où se conclut l'alliance de l'esprit et du cœur, là où s'accomplit le miracle de leur articulation, que naît ce que l'on peut se permettre d'appeler une "œuvre de civilisation".
(..)
Y faire régner  son cœur au nom (faut-il le préciser) de quelques préférences (d'aucuns diraient quelques principes) tels que l'élévation de l'âme, le raffinement de l'esprit,la noblesse des sentiments, la dignité de caractère - autant d'idéaux à coup sûr surannés, voire ridiculement provocants, dont le sens, éthique s'il en fut, fait encore battre le cœur de certains (...). " (p. 33-34)

"Sapere aude, ose connaître, c'est-à-dire en l'occurrence : se penser par soi-même, sers-toi de ton esprit de façon sûre et correcte, sans être dirigée par autrui ni par autre chose que ta propre raison." (p. 36)

A ceci je voudrais simplement ajouter aujourd'hui cette petite vidéo d'un philosophe dont je viens de découvrir l'existence, Alain Guyard, prof en rupture d'Education nationale mais qui continue son enseignement dans les prisons. Auteur d'un roman, Zonzon, que je n'ai pas lu mais dont les quelques comptes rendus que j'ai pu parcourir sont très prometteurs, il explique ici en quelques minutes ce que veut dire "exister" par rapport à "vivre". Une parole de liberté.




Alain GUYARD philosophie de la Prévention du... par Prevention-Suicide

mercredi 16 novembre 2011

Les vases brisés

"Selon la cabale, lors de la création de l'univers, les "vases" destinés à recevoir la lumière divine n'ont pu en supporter l'intensité et se sont brisés. Une partie de cette lumière - les étincelles - est de ce fait tombée dans la matière." (Le Chandelier d'or, p. 155)

Je suis sur les traces de ma première lecture, qui doit remonter à 2007, date d'achat du livre, je retrouve des passages soulignés dont je n'ai plus la mémoire. Il y a loin du lire -même si ce qui est lu est apparemment compris - à une véritable appropriation du sens en jeu dans la lecture. Loin de la compréhension immédiate à "l'incorporation" dans la conduite de sa propre vie.

[25 avril 2011, Lundi de Pâques.]




mercredi 9 novembre 2011

Retour sous l'orage

Grondements.

Je me souviens d'un retour sous l'orage, à La F. du F. Nous étions allés au bord de la mer, avec la grand-mère Louise. Les derniers kilomètres sous des trombes d'eau. Montchevrier. Le panneau apparu à la faveur d'un éclair. L' arrivée dans la cuisine chaudement éclairée, où nous attendait le grand-père Julien. Comme une arrivée au port après une navigation sur la mer obscure et démontée. L'intense sentiment de la sécurité retrouvée, du bonheur du bercail.

Je devais avoir huit ans.

[15 avril, Lundi de Pâques 2011.]

lundi 7 novembre 2011

Neurons that fire together wire together



Règle de Hebb : "Neurons that fire together wire together." (Lorsque deux neurones déchargent conjointement, cela renforce le lien qui les unit. Plus je tremble, plus il est probable que je tremble dans l'avenir.)"
Siri Hustvedt, p.134.

"L'un des éléments des évaluations de QI consistait à demander au sujet d'identifier des objets à partir d'une image brouillée. Il fallait reconstituer mentalement ce qui avait été brisé en morceaux. "Ceux qui ont la meilleure capacité de synthèse visuelle de fragments en une image complète, commente Baruss, sont plus portés à croire qu'il y davantage dans la réalité que ce que l'on peut voir au premier regard." Je voudrais aller plus loin : peut-être les gens qui sont capables d'intégrer des fragments et de constituer une image unifiée sont-ils des gens qui comprennent la réalité non comme une simple mer d'objets matériels figés qui nous serait donnée d'avance, mais comme un puzzle de perceptions dépendants de celui qui regarde." (p. 167)

Baruss (Imants) : "Beliefs about Consciousness and Reality", Journal of Consciousness Studies, 15, n°10-11 (2008), p. 287.

samedi 5 novembre 2011

Jour de Pâques

Nous nous sommes achetés des vélos.
En bus jusqu'à Cap Sud, Décathlon.
Retour sur nos bécanes.
Elle était heureuse. Moi aussi.

18 avril

Violette sait faire du vélo, elle aussi, depuis ce soir.
Siri Hustvedt, La femme qui tremble, Actes Sud.

Jour de Pâques.
Coïncidence, page 116 :

"Je me souviens de la vue qu'on avait de la fenêtre de notre appartement, devant laquelle je pleurai un jour de Pâques : en cette journée de chapeaux et gants et légères robes printanières, les conventions voulaient qu'il fît tiède et ensoleillé mais, par cette fenêtre, je ne voyais que de la neige. Je me souviens d'avoir appris à rouler à bicyclette sur ce même campus, un printemps, et de ce que j'ai éprouvé lorsque mon père a lâché la bicyclette et que j'ai continué seule en pédalant, un peu instable mais joyeuse dès l'instant où j'ai compris que j'étais lancée et que je tenais droite."
24 avril, La J.

mercredi 2 novembre 2011

La griffe du divin

Je n'avais plus de réserve pour la fiction brève. J'ai pensé un moment partir d'une phrase prise au hasard dans un livre. J'ai essayé avec un Janine Boissard mais ça ne m'a pas inspiré du tout.
Alors j'ai repensé à ce gars du Nord que Papa avait connu en Algérie, qui crachait encore noir sept mois après son arrivée. J'en ai fait mon texte d'aujourd'hui.


Retour dans Le Chandelier d'or de Josy Eisenberg et Adin Steinsaltz, dont je n'ai jamais achevé la lecture. Cette pensée, proche de celle de Michael Edwards :

"De la même façon, on a longtemps opposé la matière à l'esprit. Le judaïsme s'y est toujours refusé. La matière et l'esprit sont seulement, eux aussi, deux phases de la même réalité. On ne saurait identifier l'une au mal et l'autre au bien.
J.E. : Ne serait-ce que pour une raison très simple : la matière, notre corps, notre esprit et notre âme sont, tous, voulus et créés par Dieu, et portent la griffe du divin." (p. 95)
17 avril 2011


Je n'ai toujours pas terminé Le Chandelier d'or.

mardi 1 novembre 2011

La cigarette


A dix-sept ans, j'écrivais ça, par exemple (je venais de découvrir avec bonheur L'Instant fatal de Raymond Queneau, l'influence est manifeste) :

LA CIGARETTE

Il semble bien que je sois condamné

Je vois luire dans le lointain les crocs d'une potence
comme les feux d'une armée de brigands qui s'avance

Alors tranquillement
je roule mes mots
dans un papier grêle et blanc
J'allume
J'aspure
Et mon corps lentelentelentement
grille de maux croisés
L'alphabet mal phamé
part en fumée
Voilent le ciel
les volutes de voyelles
tandis que la cendre des syllabes
encrasse les phrases
Et mon corps se calcine
en bouffées mélancoliques
Plus qu'un taf
dernier autographe
Plus rien

Ne reste plus
que
mon âme (égo)