dimanche 16 septembre 2012

Là où jadis végétaient avec peine de maigres ajoncs

Ramené d'Aigurande un petit panier de poires Louise Bonne. C'est de la poire de taille moyenne, qui ne paie pas vraiment de mine avec ses taches brunes, mais j'ai rarement dégusté une aussi bonne poire. Ferme, juteuse, parfumée, un nectar. D'ailleurs elle ne porte pas ce nom là au hasard : le créateur du Potager du Roi à Versailles, La Quintinye, observe qu'elle plaisait beaucoup à Sa Majesté.


Je fais celui qui s'y connaît, mais pour dire le vrai, je n'avais pas bien saisi le nom que mes parents avaient donné à cette poire. J'avais compris poire "Lisbonne". Et une recherche sur internet ne m'avait pas donné grand chose (mais il y a des gens qui ont fait la même erreur que moi, et j'ai même vu une amap qui proposait des poires lisbonne). C'est en revenant sur Wikipedia, article poire, que j'ai rectifié le tir.

Mes poires ont été cueillies à La Font du Four, la ferme natale, sur un poirier que mon père a greffé d'après les souches plantées par Sylvain Picaut, entrepreneur de travaux publics qui édifia le domaine à la fin du XIXème siècle. L'envie d'écrire l'histoire de cette ferme, et de ceux et celles qui y vécurent, m'est venue il y a quelques mois. Extrait d'un article de L’Écho du Berry, qui s'appelait à l'époque L’Écho de l'Indre, article que je dois aux recherches de Sylvestre Grenouilloux.

"Une visite à La Font du Four. On nous écrit de Crozon :
Sur l'invitation de M. Picaut, une quarantaine d'élèves de l'école communale des garçons de Crozon, sont allés le dimanche 16 janvier dernier, lui faire une visite à sa belle propriété de la Font du Four : MM. Charbonnier et Rouzier, leurs maîtres, les accompagnaient dans cette excursion.
Avec sa bonne grâce accoutumée, M. Picaut a fait à ses jeunes hôtes les honneurs du bel établissement agricole qu'il a créé de toutes pièces. Nos enfants ont pu admirer l'heureuse disposition des bâtiments groupés sur le haut d'un coteau d'où l’œil embrasse toutes les dépendances de l'exploitation. Bois, pâturages et cultures, rien n'y manque. Les viviers et les fondrières d'autrefois ont fait place à une magnifique prairie, où paissent de superbes bestiaux ; et là où jadis végétaient avec peine de maigres ajoncs, la vue se repose aujourd'hui sur des champs d'une admirable fertilité, tous entourés d'une ceinture de beaux arbres fruitiers.(...)"

Le ton assez flagorneur porte bien sûr à sourire, mais il est de fait que cette exploitation n'a rien à voir avec l'architecture rurale traditionnelle en Berry. Ce sont des maçons creusois qui ont été employés à la construction : grange et maisons d'habitation en portent la trace manifeste. Et la cour entièrement pavée est resté une rareté dans la proche région.

Mes poires Louise Bonne viennent donc de ce temps-là.

Vue sur ce qui était la maison des domestiques (aujourd'hui propriété d'un couple d'Anglais)

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