vendredi 23 novembre 2012

Autre énergie noire

L'énergie noire, mais ce n'est pas celle de Hugo, c'est celle de Fela Kuti, dont je retrouve par hasard, le Power Show, en live à Berlin, 1978. J'avais acheté le vinyle à l'époque, et j'ai dû le perdre, mais j'ai bien dû écouter des dizaines de fois (je l'avais aussitôt transférée en K7 pour la bagnole) cette longue plage hypnotique, cet afrobeat entêtant, envoûtant, produit par un groupe de musiciens pléthorique, joyeux, infatigable. J'avais d'ailleurs converti plusieurs copains à cette musique, qui ne demandait que ça, qui appelait naturellement à la communion. A réécouter cela aujourd'hui, je suis encore sensible, je m'en aperçois mieux, à une sorte de mélancolie filtrant derrière le tonus de la composition.
La pulsation ici est aussi celle d'un cœur blessé. Fela était un artiste engagé, qui critiquait dans ses textes la corruption galopante, la dictature militaire de son pays, le Nigéria ; il était le porte-parole des laissés-pour-compte et il a souvent payé de sa personne, prison, torture, ses prises de position. Il avait pris pour patronyme Anikulapo. Celui qui tient la mort dans sa gibecière. A sa disparition, en 1997, on décrètera quatre jours de deuil national.


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