mercredi 13 février 2013

Le siècle des nuages

Un des plaisirs du web c'est la pluralité des identités. Si j'écris comme ici sous mon véritable nom, ce n'est pas le cas sur d'autres sites, où depuis longtemps je sévis sous divers pseudonymes, parfois transparents pour les intimes, parfois délibérément opaques. Changer d'identité, c'est changer de registre, de style, d'humeur, ad libitum. Ne pas être emprisonné dans une image, pouvoir s'échapper de soi, du moi social que l'on tend sans cesse à fabriquer, est une furieuse liberté.
L'un de ces hétéronymes est Nil Pétarbrock, anagrammatique auteur sur le site des Tasons, de la fiction brève du dimanche. Longtemps, j'ai écrit ce petit texte la soirée même du dimanche, m'asseyant devant l'ordi sans savoir ce que j'allais produire. Partant d'un mot, d'une phrase, et dévidant le fil que secrétaient dans mon imaginaire ce mot, cette phrase. La contrainte que je me donnais me nourrissait, m'arrachait des images comme une nuit qui accoucherait des rêves au forceps.
Il y avait quand même des interruptions, et la dernière en date s'était produite mi-juin 2012. La nouvelle année me décidait à revenir au taf, et je ne sais plus trop comment s'est décidée l'orientation nouvelle de ces fictions courtes. Toujours est-il que l'histoire que je racontai prenait ancrage cent ans plus tôt, en 1913 : la fiction se doublait d'une allusion à la réalité de ce jour même, cent ans plus tôt exactement. Et très vite s'imposa l'idée de faire vivre cette contrainte : toujours adjoindre à un épisode complètement inventé une référence à un fait avéré un siècle plus tôt. L'effort d'imagination prenait dès lors appui sur une recherche documentaire menée très banalement sur Google.
Une autre contrainte s'imposa d'emblée : chaque fiction avait son autonomie mais chacune se devait aussi de faire référence, plus ou moins explicitement, à une autre fiction. Certains personnages seraient récurrents, des connexions se tisseraient d'une histoire à une autre. La série devait être poursuivie pendant toute l'année 2013 : elle comptera donc 52 épisodes.
Il se trouve que, très vite, au fil des recherches sur le net, un thème s'imposa irrésistiblement : l'aviation.

Dès la seconde fiction, celle du 13 janvier, je mettais en scène Octave Lapize, champion cycliste, devenu aviateur pendant la guerre de 14, et abattu par un biplan allemand le 14 juillet 1917. A la troisième, au 20 janvier, intervient Bernetta Miller, tentant un record d'altitude féminin au-dessus de New York et aveuglé temporairement par une fuite de pétrole. Or, me penchant sur la biographie de cette Bernetta Miller, j'apprends que pendant la guerre, elle fut volontaire au YMCA et, à ce titre, fut envoyée à Tours en 1918. Tours, théâtre de la première fiction. J'imaginai aussitôt une rencontre en gare de Tours entre mon héroïne du jour, le modèle Geneviève Forestier, et cette aviatrice américaine, sauf que ni l'une ni l'autre ne s'en aperçoivent, se croisant sans le savoir comme les personnages de ce film de Fatih Akin que j'aime beaucoup, De l'autre côté.

Le 15 janvier, je reprends une lecture interrompue : celle de l'énorme recueil de Sollers, Discours parfait. Page 332, Carnet magique, préface à une édition des carnets de Marcel Proust. Très beau passage :

Pour un écrivain, le carnet est ce qu’il y a de plus étrange et de plus intime. C’est un autre temps, une respiration d’appoint, une mémoire profonde et oblique, une chambre noire, un filtre. Là sont notées les apparitions. Un rêve, et les morts sont là, tout à coup, plus vivants que jamais, soucieux ou énigmatiques. Une phrase banale, prononcée d’une certaine façon, et tout un paysage s’ensuit. Une odeur, une couleur, un bruit, et le grand navire de l’existence prend le large, très au-delà de l’actualité en écume, vers un passé qui ne passe pas, demande son développement, son récit futur. Je suis un personnage de roman, il va m’arriver des choses. Il faut rester en éveil, rien n’est négligeable ou indifférent, des rapprochements m’attendent, des signaux, des hasards objectifs. Je suis un animal enfantin, tous les sens participent à l’opération magique. Voilà, c’est parti : les personnages se présentent d’eux-mêmes, ils veulent être observés et décrits, ils jouent le jeu à leur insu, ils demandent à être radiographiés, mots, gestes, démarches, mimiques. Proust écrit : « Je vois clairement les choses dans ma pensée jusqu’à l’horizon. Mais celles qui sont de l’autre côté de l’horizon, je m’attache à les décrire. » Le carnet est cet autre côté de l’horizon..
Je lis ça alors que je viens de publier deux jours plus tôt, ici même, un billet sur les horizons. Le voilà encore une fois, ce hasard objectif dont il parle lui aussi. Mais ce n'est pas fini, dans le même texte ces lignes :

"(...) ce qui compte est le surgissement, l’appel, la surprise, la révélation. Un bourdonnement de guêpe dans le ciel bleu « intact, sans mélange » ? C’est un avion. Aussitôt, pourtant, viennent des images de train, de bateau, de champs ou de mer. On développera des correspondances, on établira des rapports jusque-là inconnus. Proust a cette phrase extraordinaire : « Il nous semble d’autant plus difficile de mourir que nous sommes plus de choses. »

Le lendemain, j'achète Le siècle des nuages de Philippe Forest. Pour le coup, pas de hasard dans ce choix : je sais pertinemment que dans cet ouvrage, il retrace l'histoire de son père, qui fut pilote, et à travers son existence, toute l'histoire de l'aviation et, partant, celle du XXème siècle. Il reste que là aussi, très vite, dès le premier chapitre de ce livre, des mots essentiels sont dits :

Commencer est une inquiétude de poète. Se demander par l'arbitraire de quel premier mot il faut rompre le silence où se tiennent toutes les histoires, ouvrir l'outre pour libérer le vent moins meurtrier des phrases et se laisser ainsi emporter au hasard dans la direction où il souffle. Se le demander sans savoir - si bien qu'il faut implorer le secours d'une divinité, en appeler à n'importe quelle fiction dans le ciel vide, pour recevoir d'elle - la divinité, la fiction - la parole qui manque et qui fera aussi bien qu'une autre l'affaire, "Musa, mihi causas memora...", tirant alors de l'épaisseur amnésique de la durée le semblant d'un récit. (p.19)
Et un peu plus loin, page 24 :
Car cela vient très tard, à chacun, une fois que le milieu du chemin de la vie est passé, ce désir imbécile de se retourner sur soi  et de mesurer toute l'accumulation du temps qui pèse déjà dans votre dos, sur vos épaules, et qui vous précipite sur l'autre pente, celle qui dévale vers nulle part, là où plus rien ne vous retient.
Quand j'ai lu ces lignes, je venais juste d'achever et de publier l'article intitulé Montana, où précisément plusieurs occurrences de ce thème du milieu de la vie avaient été épinglés, dont celui de l'exergue de Debord chez Modiano : "A la moitié du chemin de la vraie vie, nous étions environnés d'une sombre mélancolie, qu'ont exprimée tant de mots railleurs et tristes, dans le café de la jeunesse perdue."

Quarante pages plus loin, c'est Marcel Proust que je vais retrouver :

C'est le même émerveillement toujours, celui que décrit un romancier, et il s'agit de Proust !, racontant comment il fond en larmes, oui, riez !, lorsque, averti par un bruit singulier venu du ciel et qui fait se cabrer le cheval sur lequel il se promène, il voit soudain, surgissant d'un paysage d'aquarelle allongé sur la mer, se dresser dans le soleil deux grandes ailes d'acier étincelant auxquelles se trouve unie une vague forme humaine, et qu'il se retrouve soudainement "aussi ému que pouvait l'être un Grec qui voyait pour la première fois un demi-dieu", bouleversé au spectacle de cet être tournoyant librement devant ses yeux comme si toutes les routes de l'espace et du ciel lui étaient ouvertes, merveilleusement anéanti enfin par l'adieu que celui-ci semble lui adresser quand il pique droit vers l'horizon. Et quand Proust écrit ces lignes, il ne peut pas ne pas se rappeler comment son amant, Alfred Agostinelli, connu de ses camarades pilotes sous le nom de Marcel Swann, s'est, en mai 1914, tué sur les eaux de la Méditerranée, perdant le contrôle de l'aéroplane sur la carlingue duquel devaient être inscrits les vers d'un sonnet de Mallarmé : "Le vierge, le vivace et le bel aujourd'hui..", aéroplane que Proust lui avait offert en gage d'amour, le plus grand roman du siècle, peut-être de tous les siècles, étant sinon sorti de cet accident mortel du moins ayant été irréversiblement marqué par lui, et peut-être davantage par lui que par la bucolique et consensuelle légende de Combray."
Descendons d'un cran dans le sublime. Le samedi 19 janvier, à la médiathèque, au rayon des nouveautés me fit signe une bande dessinée de Yann et Romain Hugault, Le pilote à l'Edelweiss. J'embarquai les deux premiers tomes de cette trilogie (le troisième opus est prévu pour fin 2013). Il était question de la première guerre mondiale, d'un duel d'aviateurs, bref c'était pour moi.


Particularité de l'histoire : elle met en scène des frères jumeaux, Henri et Alphonse Castillac. Or, au cœur de sa fiction publiée le 27 janvier, mais préparée bien avant la lecture de la BD (fini l'écriture au fil du rasoir, dans l'urgence des dernières heures), ce sont aussi des frères jumeaux que Nil Pétarbrock met en scène. Deux allemands : Franz Bremer qui meurt dans le naufrage du Pangani à la suite d'une collision avec un navire français (fait réel), et Hans Bremer, qui ne pense qu'à venger son frère et qui devient bombardier dans la Luftwaffe (il castagne Hitler qu'il juge trop modéré).

Enfin, je me suis aperçu que le thème de l'aviation, mis en lumière, je l'ai dit, dès le second épisode des fictions brèves, était  en germe dès le premier : le premier personnage qui m'est apparu se nommait en effet Émile Bréguier ; pourquoi ce nom, je n'en sais rien, je prends la plupart du temps le premier nom que me suggère l'inconscient. Or Bréguier est fort proche de Bréguet, et Louis Bréguet, né le 2 janvier 1880, fut un constructeur d'avions réputé et l'un des fondateurs de la société Air France. Il débuta dans l’aviation en 1907, en construisant un «gyroplane» (l'ancêtre de l'hélicoptère) avec des ailes flexibles.

"La Société Anonyme des Ateliers d'Aviation Louis Breguet fut créée en 1911. Son premier aéroplane vola en 1909, et battit le record de vitesse sur 10 km en 1911. En 1912 il construisit son premier hydravion.

Pendant la Première Guerre mondiale, il fournit des avions de reconnaissance et le bombardier, comme le Breguet Br.14, qui se révélera être l’un des meilleurs avions de ce type. Après 1918, Breguet fonde la Compagnie des Messageries Aériennes, qui sera à l'origine d'Air France et fournira de nombreux avions pour l'Aéropostale."
Faut-il préciser que je ne connaissais pas ce Louis Bréguet, et que d'ailleurs je n'ai jamais été particulièrement attiré par l'aviation (mais avec tout ça, voilà que ça se met à me passionner...).
Enfin, dernière petite ironie du sort, en tapant Bréguier dans Google, voici les résultats de la première page de recherche :


La fiction est en seconde position, mais en première place nous avons Fabrice Bréguier, dirigeant d'Airbus ! A noter pour finir que ce résultat est dû en réalité à une erreur dans le titre du claviste de l'Express : ce Bréguier s'appelle en fait Brégier.

mercredi 6 février 2013

Boxeurs

Mercredi dernier, je dois rendre les trois Modiano que j'ai empruntés à la médiathèque. Il y a bien La Petite Bijou en rayonnage, que je n'ai pas encore lue, mais je décide de faire un break sur Modiano, et de choisir en échange trois ouvrages très différents : une BD dont la couverture me séduit immédiatement : A l'ombre de la gloire, de Denis Lapière et Aude Samama, Orchidée fixe de Serge Bramly et La Symétrie ou les maths au clair de lune de Marcus du Sautoy.

C'est la bande dessinée que je lis en premier lieu. L'histoire croisée de deux destins tragiques, Victor Young Perez, le petit juif tunisien qui devient champion du monde de boxe en 1931, et Mireille Balin, star du cinéma d'avant-guerre, prototype de la femme fatale. Ces deux-là se rencontrèrent, s'aimèrent, mais l'actrice refusa une demande en mariage et quitta le boxeur peu après pour Tino Rossi. Dénoncé, arrêté par la Milice en 1943, Victor est déporté à Auschwitz. En janvier 1945, il est encore l’un des 31 survivants des 1 000 déportés du « convoi no 60 », mais, le 22 janvier, lors de l'évacuation du camp, il est achevé d’une rafale de mitraillette. Mireille Balin, tentant de fuir en Italie avec un officier autrichien, est battue et violée par un groupe de FFI. Sa vie en sera brisée, et elle s'éteindra dans l'anonymat, la maladie et la misère en novembre 1968.

Je lis ça dans le salon, alors que j'ai laissé la télé tourner. Sur Arte, un film d'Alain Monne, que je ne connais pas, L'homme de chevet. D'après un roman d’Éric Holder, que je connais bien, lui, que j'ai lu il y a quelques années, en 97 précisément (j'ai retrouvé mon exemplaire de l'époque) une histoire très touchante. Les Intouchables avant l'heure, en moins drôle bien sûr. Sophie Marceau est une tétraplégique dont vient s'occuper Christophe Lambert, ancien boxeur rongé par l'alcool. Alain Monne a transposé l'action en Colombie ; je suis au départ très sceptique sur le couple d'acteurs choisi, mais je dois reconnaître que l'un et l'autre se tirent très honorablement de ces deux rôles périlleux.



Cette symétrie des amours, ces histoires en parallèle de boxeur déchu m'avaient bien sûr comme alerté. Tiens, y aurait-il quelque chose là qui s'annoncerait ?

Le lendemain, rebelote. Nouvelle donne.
A ma droite, Serge Bramly (né à Tunis en 1949), romancier dont je n'ai jamais rien lu, et dont je découvre Orchidée fixe, un roman que j'ai choisi parce qu'il évoque Marcel Duchamp, et que la quatrième de couverture finissait par cette phrase : "Avec Orchidée fixe, il nous plonge dans l'univers du génial Marcel Duchamp, et mène une fascinante enquête, des faubourgs de Casablanca jusqu'aux montagnes du Colorado, sur les hasards et les rendez-vous qui tracent une vie."
Les hasards et les rendez-vous qui tracent une vie, ça me parlait bien.
A ma gauche, Arte encore, avec plusieurs épisodes d'une série que je n'ai jamais regardée jusque là, Whitechapel.
Certains pourraient s'étonner que je parvienne à lire un roman sur Marcel Duchamp tout en suivant un thriller sur la téloche. Mais c'est que je tiens à infirmer le mythe comme quoi les hommes ne seraient pas multi-tâches. Plus sérieusement, je ne dis pas que c'est une pratique courante chez moi, mais cela m'arrive, la preuve en est. J'écoute d'une oreille, je regarde d'un œil, je m'interromps, je me concentre, je me décentre, j'avance par sauts rythmés et gambades capricieuses.
Et puis j'ai confirmation : la boxe est là, encore.

Direct du droit : page 104, Marcel Duchamp a débarqué à Casablanca, en provenance de Marseille, le 21mai 1942. Il demeure là quelques semaines avant de pouvoir partir vers New York, où il parvient fin juin. Hébergé au départ dans un camp de transit, il est ensuite logé dans un boui-boui nommé l'Eden, invité par le propriétaire des lieux, Roger Zafrani, un juif marocain. Le cuisinier s'appelle Mickey Mike, et c'est un ancien boxeur :

"Duchamp avança alors, s'adressant à ce dos redoutable, qu'il n'était pas tout à fait ignorant en matière de boxe. L'information ne suscita qu'un vague frémissement, mais Duchamp pouvait parler du noble art en familier de la salle Wagram, du Vélodrome d'hiver et, plus impressionnant, du Madison Square Garden de New York, où il avait vu combattre Joe Louis. C'était Arthur Cravan, un de ses amis boxeurs, disparu sans laisser de trace au large du Mexique, qui lui avait donné le goût des rings.
Bien sûr, il connaissait tout de la carrière de Marcel Cerdan, l'idole locale, de sorte que la semaine n'était pas écoulée qu'il avait apprivoisé le serveur."

Portrait d'Arthur Cravan par Jean-Paul-Louis Lespoir
Direct du gauche : le pitch de l'épisode de Whitechapel : "Le capitaine Chandler et ses fidèles acolytes reviennent en deuxième saison. Après le fantôme de Jack l’Éventreur, ils traquent cette fois les doublures des impitoyables frères Kray, gangsters sanguinaires du Swinging London." Or, les frères Kray sont des boxeurs : "Nés en 1933 dans l’East End, ce "Londres réprouvé" chroniqué en mots et en images par Jack London, Reggie et Ronnie grandissent parmi les taudis et les fantômes de Whitechapel. Couvés par une mère aimante, Violet, tandis que leur père, déserteur durant la Seconde guerre mondiale, est traqué par les autorités, ils pratiquent d'abord la boxe avec succès, comme leur aîné Charlie et nombre de leurs voisins aux poches trouées, stimulés par leur rivalité gémellaire."

The Kray twins, Reginald (left) and Ronald (right), photographiés par David Bailey
Je suis au tapis. Je ne sais vraiment pas ce que signifie cette avalanche de boxeurs, mais cette coïncidence est trop forte pour que je la passe sous silence.

D'autant plus que le point de départ du roman de Bramly, c'est lui qui l'affirme,  est une lettre que l’artiste avait écrite à son ami Henri-Pierre Roché, le 27 mai 1942, du Maroc. Henri-Pierre Roché, l'auteur de Jules et Jim bien sûr, que j'ai rencontré voici peu ici même.
Les deux hommes se sont d'ailleurs écrits pendant quarante ans. Leur correspondance a été éditée par un éditeur suisse.

D'autant plus que, page 249, il est écrit : "Duchamp envisageait de se placer sous l'autorité du ministère des Coïncidences". Sur le net, je retrouve la référence tout d'abord sous la plume de Jacques Sivan. Je cite :
"A l'opposé de ce qui se dit encore après Breton, le ready-made n'est pas un « objet manufacturé promu à la dignité d'objet d'art par le choix de l'artiste ». Le ready-made n'est même pas, et en dépit des apparences, un objet. Le ready-made nous dit Duchamp, est un « rendez-vous ». Il est le moment critique par lequel l'art (= « Ministère des coïncidences ») se révèle (problème d'optique c'est-à-dire processus de re-co(n)naissance) n'être, à un moment donné, que le réel qu'il est."
Ensuite, dans un passage d'un long article d'un rédacteur anonyme du Journal du Mauss :

"Revenons au mode d’emploi : le texte de 1957 « le Processus créatif »
« Avec le changement de la matière inerte en œuvre d’art une véritable transsubstantiation a lieu et le rôle important du spectateur est de déterminer le poids de l’œuvre sur la bascule esthétique. »
C’est encore moi qui souligne en gras, car dans les notes nous trouvons un Régime de la pesanteur page51 Dds qui lie la notion de poids et celle de coïncidence.
« Ministère des coïncidences.
Département
(ou mieux) :
Régime de la coïncidence
Ministère de la pesanteur »
 J'avoue que tout ceci est quelque peu hermétique, et ma troisième citation ne va pas dissiper cette impression (extrait sur Google Books d'un essai de Jean-François Robic, Copier-créer).

 Bon, pour ce soir, je jette l'éponge.

samedi 2 février 2013

Le chaos et les pendules

Sur les mathématiques du chaos dont j'ai dit assez quelle source d'inspiration elles constituaient pour moi, on peut voir avec grand profit le film Chaos, une aventure mathématique, constitué de neuf chapitres de treize minutes chacun. Les auteurs,  Jos Leys, Étienne Ghys et Aurélien Alvarez le présentent comme un film tout public autour des systèmes dynamiques, de l'effet papillon et de la théorie du chaos.



Voici également un petit film reçu récemment par mail (d'une collègue amie dont je serai bien étonné qu'elle ait connaissance de mes interrogations en ces matières obscures).



 Contemplant cette danse, je ne peux m'empêcher de penser que nos existences sont peut-être à l'image de ces trajectoires pendulaires, avec des moments harmoniques, de synchronisation intégrale, alternant avec des moments d'anomie, où chaque pendule/vécu vaque en solitaire, apparemment désaccordé des autres. Les rapports, correspondances  et résonances que j'établis jour après jour dessinent comme les figures mouvantes d'une cohérence toujours menacée, toujours renaissante.