jeudi 26 janvier 2017

# 22/313 - Petit minou quantique

 "Sois pluriel comme l'Univers !"
Fernando Pessoa, Obra poetica e em prosa

Il est une seconde hypothèse dite irrationnelle pour rendre compte des phénomènes d'anticipation littéraire que Pierre Bayard semble préférer à celle de la synchronicité : l'hypothèse des univers parallèles. "Contrairement à la synchronicité, explique-t-il, cette hypothèse repose en effet sur des fondements scientifiques solides. Elle a commencé à émerger avec les découvertes de la physique quantique et s'est peu à peu imposée aux physiciens dans les années 1950 comme une solution vraisemblable pour rendre compte de phénomènes difficiles à expliquer en son absence.(p. 105)"

Or, au moment où je lisais ces lignes, je me souvins de cet autre livre emprunté à la médiathèque en même temps que Garcin et Vila-Matas, Des univers multiples, A l'aube d'une nouvelle cosmologie, du jeune astrophysicien et philosophe Aurélien Barrau (Dunod, 2014). Je venais d'en commencer la lecture, parfois ardue, mais toujours stimulante, et il me semblait bien que ce concept d'univers parallèles y était abordé. J'allai le chercher : le marque-page que j'y avais laissé ouvrait précisément sur le chapitre 4, Mécanique quantique et ses mondes parallèles, avec la phrase de Pessoa, que j'ai recopiée ici, en exergue. Vous savez comment sont les marques-pages, extrêmement malicieux (rappelez-vous celui du Petit-Minou), ils sont le doigt du destin, et celui-ci devait avoir quelque accointance avec un autre félin, celui de Schrödinger.


Je ne vais pas ici raconter la célèbre expérience de pensée dite du chat de Schrödinger, vous la trouverez en ouvrant le lien ci-dessus ou bien un autre peut-être plus pertinent, le web offre sur le domaine nombre de possibilités de mourir moins bête. Qu'il me suffise de dire, à la suite d'Aurélien Barrau, qu'effectivement, dans les années 1950, un jeune étudiant de Princeton, Hugh Everett, en  a risqué une interprétation ébouriffante : "(...) à chaque interaction d’un système quantique avec un système classique se produirait une bifurcation en plusieurs univers parallèles. Autrement dit, il existerait un monde où le chat est mort et un autre monde où le chat est vivant, ces deux mondes étant bien réels mais n’interagissant plus entre eux ! Les événements de ce type étant innombrables, les mondes parallèles pulluleraient. La proposition semble tout-à-fait déraisonnable, pourtant un « sondage » chez les physiciens théoriciens montre que de plus en plus d’entre eux la considèrent comme la vision correcte." (Lire l'article complet de A. Barrau dans le journal du CNRS : Peut-on tester les univers parallèles ?)

Source : Wikipedia
 Pour les plus courageux encore une fois, une petite conférence du même Aurélien Barrau, le 5 février 2015 à l'Amphi Abbé Grégoire du CNAM, 60 rue Réaumur, Paris 3e.

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