lundi 10 avril 2017

# 85/313 - Mercure et Saint Pantaléon

Pourquoi Saint-Plantaire ne s'appelle-t-il pas Saint-Pantaléon ?  Sur cette question et bien d'autres, on visionnera, comme on dit, avec profit, la conférence de l'historien Nicolas Huron donnée en 2015 dans la commune même.


Selon lui, le nom de Plantaire est certainement beaucoup plus ancien que celui de Pantaléon. D'autres lieux-Plantaire existent dans la commune ou dans la région proche (Mouhet par exemple), et il évoque donc une christianisation (ainsi que je l'ai suggéré pour Saint-Jallet) : un culte païen est ainsi recouvert par une sanctification au début du Moyen Age. Il souligne aussi que Plantaire, sous sa forme latine, plantaria, désigne, outre une pépinière de jeunes plants, les talonnières, c'est-à-dire les ailerons attachés aux pieds du dieu Mercure.

Mercure, bronze (h. 170 cm), Jean Bologne
Douai, 1529 - Florence, 1608
Sur cette sculpture de Jean Bologne, on voit Mercure qui, "reconnaissable à son casque ailé, le pétase, à ses talonnières et au caducée qu’il tient dans la main gauche, semble voler dans les airs. Il est en équilibre sur la pointe du pied gauche appuyé sur un « vent », figuré par un souffle issu d’une tête monstrueuse." Il est intéressant de retrouver ici la thématique du souffle qui nous porte depuis le début de l'enquête rabelaisienne. Nicolas Huron associe, lui, le caducée mercuriel à la médecine, et fait donc l'hypothèse que Pantaléon, médecin lui-même, s'est substitué par ressemblance au Mercure gallo-romain. Mais cette association est forcée : la caducée est ici confondu avec le bâton d'Asclépios, sur lequel ne s'enroule qu'un seul serpent. Le caducée ne désigne pas originellement la médecine mais le commerce et l'éloquence.

Il suggère aussi que l'église a été édifiée près d'une source ayant des propriétés médicinales. Il existe bel et bien une fontaine près de l'église. Et d'autre part il semblerait que l'implantation de saint Pantaléon, saint venu d'Orient, corresponde à des lieux de culte liés à l'eau. Il reste que ceux-ci sont innombrables et ont été attribués à beaucoup d'autres saints. Pourquoi saint Pantaléon aurait-il été choisi ici à l'exclusion des autres ? Jean-Louis Desplaces, dans son Florilège de l'eau en Berry, recensant toutes les fontaines ayant fait l'objet d'un culte ou d'un rituel, ne fait pas mention particulière de la fontaine de l'église.

Une autre piste mérite d'être explorée. La piste végétale des plantaria. Du Plantaire médiéval, qui est aux plantes ce que le Bestiaire est aux animaux et le Lapidaire aux gemmes.

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