samedi 13 mai 2017

# 114/313 - Retour vers l'éternel

J'ai parlé récemment des boucles du hasard. En voici une nouvelle, encore une fois basée sur l’œuvre de Tarkovski. Le lundi 15 mai 1995, je découvrais donc Le Sacrifice. J'en ai gardé trace dans mon cahier bleu de l'époque en collant l'article de Télérama qui lui était consacré, signé par Jacques Siclier.


Je suis revenu sur Le Sacrifice à partir du samedi 29 avril, avec l'article #102, Le facteur de coïncidences. Et nous ne cessons depuis ce jour d'explorer les ramifications et résonances autour de cette œuvre majeure.
Or, Télérama annonce à la date du vendredi 12 mai 2017 la rediffusion du film sur Ciné+Club. La notice est cette fois signée Gérard Pangon.


Belle synchronicité, et belle boucle temporelle : 22 ans plus tard, retour du film, avec pratiquement la même photo d'illustration, cet arbre dressé au bord de la Baltique. Je me doute bien que le film a été programmé plusieurs fois entre 1995 et 2017, mais qu'il ressurgisse sur les écrans dans le temps même où je reviens sur ce qui fut pour moi sa première apparition est une coïncidence savoureuse.

Mais il faut aller plus avant dans le détail. Certes les deux photos semblent similaires, pourtant il y a une grande différence entre elles. Remettons-les en regard l'une de l'autre.


Points communs : la mer, l'arbre, Petit Garçon. Et pourtant, entre ces deux plans, il y a toute la durée du film. La première photo se situe dans la scène d'ouverture, elle montre Alexandre, le père, en train de planter cet arbre mort. Il conte à son fils l'histoire du vieux moine Johan qui arrosait chaque matin un arbre comme celui-ci, et qui un jour, avant de mourir, lui vit à nouveau des feuilles.
La seconde photo ne montre plus Alexandre. Pour cause, il s'est sacrifié pour sauver le monde, ou du moins le croit-il, de la catastrophe qui le menaçait, et il a incendié sa maison avant d'être emmené de force par les infirmiers psychiatriques.
Petit Garçon, seul, va prononcer ses premiers mots depuis l'opération de la gorge qui l'avait rendu muet, allongé au pied de l'arbre, près du seau d'eau (très important le seau, on y reviendra bientôt). La caméra, dans un dernier mouvement lyrique, remontera le long de l'arbre, calligraphie noire sur fond de mer bruissante de lumière.

Alors oui, les choses reviennent, mais jamais à l'identique.
Dans mon cahier, j'avais collé un autre article de Télérama, issu du même numéro de mai 95. Il était déjà signé, comme celui de cette année, de la main de Gérard Pangon. Son titre est tout à fait dans la thématique de ce billet : Retour vers l'éternel. Sur la photo Petit Garçon encore, allant arroser l'arbre avec son seau.



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