jeudi 8 juin 2017

# 136/313 - 4/4/44

Mardi 6 juin, je publiais donc l'article Les quatre ontologies. Je vis ensuite qu'il s'agissait du 400ème article d'Alluvions. Je ne l'avais pas fait exprès, mais c'était plutôt bien vu. Un détail que je ne songeais même pas à mentionner ici. Et puis je suis allé visiter Quaternité, un des sites de Rémi Schulz, qui se définit lui-même comme "Écrivain, amateur de bizarreries en tout genre, surtout numériques, surtout concernant le nombre d'or ou la quaternité...". Comme moi, c'est un grand facteur de coïncidences, un obsédé de la synchronicité, mais, assez curieusement, nos approches demeurent parallèles, sans grande correspondance de l'une à l'autre, sans doute parce qu'il explore surtout les coïncidences numérologiques et un champ littéraire basé plutôt sur le polar ou la science-fiction, champ que j'investigue peu, en ce qui me concerne.

Pour ce qui est de Quaternité, voici en quelque sorte la note d'intention de l'auteur : 
"Ce blog a débuté par la découverte que la vie de Jung correspondait idéalement au concept central de son œuvre, la quaternité : le 4/4/44 sa vie a été en quelque sorte échangée contre celle du médecin qui l'avait sauvé d'un infarctus, et cette date correspond exactement, au jour sinon à l'heure près, aux quatre cinquièmes de sa vie.
Je comptais poursuivre par des reprises de mes études antérieures sur la quaternité, et puis je me suis trouvé entraîné dans un tel tourbillon de coïncidences, plus ou moins liées à ma découverte initiale, que mon cheminement est improvisé billet après billet, et que j'ignore où il va conduire." 
Ceci dit j'ai lu attentivement le dernier billet publié, en date du 26 mai 2017 : Des lions jusqu'en bas. Qui commençait ainsi :
"Le billet précédent Rom Ana Mor m'a conduit à relier le personnage Adam Berg de Johana Gustawsson aux mots grecs anthropos et purgos, "homme" et "tour", auxquels le théologien Strong a donné les numéros 444 et 4444 dans son lexique biblique. Ceci m'a fait évoquer d'autres personnages, le commissaire Adamsberg de Fred Vargas, et le criminel Adam Bergman de AJ Kazinski.
  En achevant le billet je me suis avisé que Bergman se suffisait à lui-même, puisque man (ou Mann) est "homme". Il y a beaucoup de Bergman, mais le premier qui m'est venu à l'esprit est Andrew Bergman, écrivain et cinéaste qui avait attiré mon attention dès 1999 par son roman La grande magouille de 1944, Série Noire n° 2352."
Au bout du compte, je ne relève rien qui semble se rapporter à mes propres thèmes. Nous continuons comme d'habitude à naviguer indépendamment l'un de l'autre.

Je  rédige alors le billet suivant, axé surtout sur Augustin Berque. J'y vois de surprenantes collisions avec l'histoire de saint Génitour. Berque évoque les bois de Touraine où le lecteur aurait rencontré René Descartes, une posture fictive bien sûr, mais qui fait remonter ce détail de la légende où Maure, la riche veuve aux neuf fils, se cache dans la grande forêt celte (forêt de Teillé, était-il écrit dans le texte-source). Je ne connais pas cette forêt de Teillé et j'effectue donc une recherche de routine sur le web. Teillé + forêt, voila les termes de cette recherche. Et voici ce que j'obtins ce soir-là :


Au strict point de vue de la recherche du lieu, cela ne correspondait pas du tout : Maure ne pouvait s'être cachée dans une forêt située si loin de Tours, en pays nantais. En revanche, le code postal était troublant : 44440, voilà qui répétait en somme le 4/4/44 de la quaternité de Rémi Schulz.

Relisant l'article, je notais aussi que Maure y était en somme présente à travers mention d'un certain Raban Maur, auteur d'un carmen quadratum, illustrant par 4 croix de 69 lettres les 276 jours passés par Jésus dans le giron de Marie, du 25 mars de l'Annonciation au 25 décembre, modèle dont Schulz s'inspira pour composer ce poème (11+11+11)(11+11+11), "en 2005 où le Vendredi saint tombait le 25 mars, unissant les mystères de l'Incarnation et de la Rédemption, ce qui était jadis considéré comme favorable, mais, selon des dispositions récentes, l'Annonciation est reportée au 4 avril lorsque le cas survient."

Raban Maur (v. 780 - 856) était un théologien, poète et homme de science germanique. Élevé à l'abbaye de Fulda, il fut envoyé à Tours pour y étudier sous la direction d'Alcuin (802). C'est ce dernier qui lui donne le surnom Maurus en mémoire du disciple préféré de saint Benoît de Nursie.

Bern, Burgerbibliothek, Cod. 9, f. 9v – Hrabanus Maurus, Liber de Laudibus Sanctae Crucis (http://www.e-codices.unifr.ch/fr/list/one/bbb/0009http://www.e-codices.unifr.ch/fr/list/one/bbb/0009)


2 commentaires:

blogruz a dit…

Merci des citations.
Nous avons effectivement des démarches parallèles, et je me réjouis qu'elle se soit effleurées sur ce nombre 136 (/313 ?) qui est fortement quaternitaire (somme des nombres du carré magique de 4) et jungien (ma découverte de l'échange JUNG-HAEMMERLI (52+84) sous le signe du 4 s'est faite le 1er jour de l'an pataphysique 136.)
A propos de la forêt de Teillé, une piste importante en rapport avec l'anthropos grec est le mot hylé, qui avant de devenir un concept philosophique signifiait "bois", "forêt".
http://quaternite.blogspot.fr/2010/11/la-possibilite-dune-hyle.html

Patrick Bléron a dit…

Merci de cet écho à ma propre démarche.
Pour précision, 313 désigne le nombre d'articles que je compte rédiger cette année 2017, soit un article par jour de la semaine. S'ajoute à cela une fiction dite 1967, publiée chaque dimanche de cette année, sur un autre site : http://tason.over-blog.com/
313 + 52 = 365
J'ai lu l'article sur la possibilité d'une hylé, et j'ai été ravi d'y retrouver des références à Robert Graves, dont la lecture déjà ancienne de la Déesse blanche m'avait en son temps enchanté. J'ai toujours gardé en mémoire ce qu'il écrivait dans son post scriptum :
"Des chaînes de plus-que-coïncidences font si souvent irruption dans ma vie que s'il m'était interdit de les appeler fréquentations surnaturelles je ne laisserais pas de les nommer une habitude. Non que j'aime le mot "surnaturel", je trouve de tels événements tout ce qu'il y a de plus naturels bien que superlativement non-scientifiques." (p. 575)
Au plaisir de vous lire très bientôt.