vendredi 29 décembre 2006

jeudi 28 décembre 2006

Of Mice and Men


Une lacune. Une immense lacune. De John Steinbeck, je n'avais encore rien lu. J'ai vu, il y a longtemps, le film tiré des Raisins de la colère, et c'est comme si cela m'avait dispensé de la nécessité d'entrer plus avant dans l'oeuvre. Il faut dire que la misère et l'injustice y ont la part belle, et que j'ai des difficultés avec l'injustice, je veux dire à affronter la vision de celle-ci. C'est trop de colère qui monte. Alors il a fallu que je reçoive ce cadeau inattendu : Des souris et des hommes, dans l'édition Folio, par mes deux grands enfants, pour avoir la révélation de l'immense talent de Steinbeck.
Je ne vais pas ici résumer l'histoire, juste en relever un aspect : cette tragédie, qui se noue dans un ranch de Californie, s'ouvre et se referme sur une rive sablonneuse de la Salinas : "A quelques milles au sud de Soledad, la Salinas descend tout contre le flanc de la colline et coule, profonde et verte." Au septième et dernier chapitre, où le sacrifice est accompli, Steinbeck commence ainsi : "Dans cette fin d'après-midi, l'eau de la Salinas dormait, profonde, tranquille et verte."
Lenny, la brute innocente, se met à boire goulûment, comme un animal assoiffé, à peine arrivé sur la plage, ce qui lui vaut une remontrance de George, la première parole du livre : "Lennie, dit-il sèchement, Lennie, nom de Dieu, ne bois pas tant que ça." Cette eau dormante ne lui dit rien qui vaille. Lui ne boira pas. Cette eau verte et profonde, comme dans la tradition irlandaise, agit comme un maléfice, elle est en tout cas annonciatrice du drame à venir. Un serpent d'eau se fait happer par un héron, juste avant le retour de Lennie sur les lieux.
Peut-être que je ne note ces détails que parce qu'ils s'inscrivent en écho à l'ouverture de ce blog ? Il faudra alors rajouter l'intitulé de section d'un site américain découvert en cherchant des photos de la Salinas : Allusions. Il renvoie directement à l’œuvre de Steinbeck.

mercredi 27 décembre 2006

Alluvions

J'ai cherché un titre, ouvert des livres au hasard, espéré tomber sur un mot, une expression qui fasse tilt, mais rien ne s'est imposé. Et puis ce mot m'est revenu, qui avait déjà désigné un recueil de poèmes encore inédit (et qui sans doute le restera) : Alluvions. La définition du Petit Robert est tout à fait éclairante : "Dépôts (cailloux, graviers, sables, boues) provenant d'un transport par les eaux courantes (colluvions, formations fluviatiles, sédiments)." Les poèmes, en leur temps, étaient déjà à mon sens des dépôts, charriés par les courants désordonnés, parfois tumultueux, de la vie, de ma vie. Ce blog veut semblablement recueillir quelques traces de ce qui passe, nous traverse. Alluvions dit bien la variété de ce qui se déposera ici, aussi bien dans la forme que dans le contenu : notes bien structurées, développements de pensées, ouvertures réflexives comme citations, anecdotes, traits, emprunts, essais, repentirs, esquisses, nervures de néant, griffures, phrases juste sauvées de l'abîme. De la pierre et de la boue, du sable et du roc. Dans l'indescriptible désordre d'où parfois, inexplicablement, surgit un motif térébrant de justesse et de beauté (ceci étant un voeu plus qu'une certitude).