dimanche 17 octobre 2010

Douze du monde

Réduction de voilure. Ce soir m'apparut avec évidence la nécessité de concentrer mon attention. Alluvions, mon univers Netvibes (public, mais je doute fort que quelqu'un d'autre y hasarde ses basques) était fort de plusieurs onglets et de plusieurs dizaines de sites épinglés au fil de mes navigations webiques. Le résultat est que j'étais d'une certaine façon submergé sous l'information, et surtout que je n'accordais aux meilleurs sites qu'une attention relative : je les survolais plus que je ne les lisais, car le temps d'une lecture profonde m'eût empêché de prendre connaissance d'autres sources d'information potentiellement fécondes.

J'ai décidé d'en finir avec cette course et de sacrifier le lièvre au profit de la tortue. Pour ce faire, j'ai entrepris de réduire à douze le nombre de fils RSS à suivre. Impitoyable sélection ; j'ai très vite éliminé les liens que je ne consultais presque jamais, ou qui finalement m'apportait bien peu de choses, puis j'ai supprimé les fils que je retrouve immanquablement avec la veille sur Twitter (Affordance, Tiers-Livre, Poezibao par exemple), j'ai enfin tout regroupé sur un seul onglet et procédé à l'ultime désherbage.

Résultat : trois sites sur quatre colonnes. J'ai appelé ça douze du monde. Et j'en ai éprouvé un vif soulagement. Bien sûr, je raterai certaines choses intéressantes, mais il faut se résigner à ne pas embrasser le monde dans sa totalité, se résigner à abandonner certaines des options qu'il nous offre, et je dirais même la plupart. Mais c'est pour mieux se concentrer sur ce qui vaut la peine, sur ce qui vous nourrit convenablement (et qui n'est pas forcément le plus chargé de pensée haut de gamme : j'ai ainsi gardé François Matton et le Tampographe Sardon, qui n'entrent certes pas dans cette catégorie mais qui m'offrent de précieux petits moments de régal esthétique ou de cocasserie déjantée).
Je suis d'autant plus conforté dans cette démarche que lisant le dernier article de Pileface, un des douze retenus, je tombe sur cette citation de Sollers citant lui-même Voltaire :

« Voltaire disait toujours : « Douze, ça suffirait. » De loin. Douze apôtres, croyez-moi, ça fait du bruit. Être ensemble pour être ensemble n’est pas un objectif qui me paraît soutenable. »
Ph. Sollers, « Il suffit d’être douze », Discours Parfait.


Coïncidence parfaite, telle que je les aime. J'en finirai là pour aujourd'hui.



vendredi 8 octobre 2010

Les pleureuses d'Antarctique

Elles me contactèrent en septembre : elles avaient entendu parler de mes sanglots (à l'époque, j'en modulais de fort longs qui m'attiraient un public fervent et fidèle). Nous nous accordâmes en tous points : le contrat courrait jusqu'au sixième solstice, treizième lune comprise. La tournée fut mémorable, nous inondâmes de larmes plusieurs bourgades jusque là mal desservies par le malheur. On nous prédisait un avenir brillant ; les grandes métropoles nous réclamaient à cors et à cris. Et puis il y eut cet incident stupide.

L'incident stupide

Nul n'aurait pu le prédire. Plusieurs chaînes causales avaient fait le chemin pour lui. En toute inconscience des effets désastreux de leur rencontre tout à fait fortuite. Personne n'avait tiré la sonnette d'alarme. Quand il me fut donné de pouvoir le faire, ce fut en pure perte : l'irréparable avait eu lieu.

(Février 2003)